Haken est un groupe bien connu des fans de Dream Theater. Découverts par Mike Portnoy qui les a d’ailleurs embarqués avec lui pour sa tournée « The Shattered Fortress », le groupe revendique haut et fort sa filiation avec le théâtre des rêves. D’ailleurs Charlie Griffiths apparaît dès 2004 sur le CD du Fan Club intitulé Stream of Consciousness (pour savoir en quoi ce CD consiste, rendez-vous ici ). Les voici donc de retour avec un nouvel album intitulé Vector, annoncé comme bien plus heavy qui sortira le 26 Octobre chez Inside Out.
On pourrait continuer de comparer le groupe en arguant que Aquarius est leur Images and Words : un premier CD (oui oui, Dream Theater en était déjà au deuxième) culte et prometteur, Visions leur Awake : une suite plus sombre et plus heavy histoire de casser la dynamique, The Mountain leur Falling Into Infinity : un album plus accessible aux accents plus pop et enfin Affinity leur Six Degrees of Inner Turbulence : un CD plus expérimental. Mais alors? Il n’y a pas de Scenes from a Memory? Non mais Vector est bien le Train of Thought du groupe.
Le côté plus sombre plus heavy est entièrement assumé dès le départ en faisant appel à Adam « Nolly » Getgood derrière la console qui a notamment mixé pour Devin Townsend et Periphery (il jouait d’ailleurs de la basse dans ce groupe). Autant dire que ces groupes là ne versent pas dans le prog 70s. Et ça se sent dans le mix : des guitares hyper présentes, un clavier plus en retrait mais qui fait un travail exceptionnel en arrière plan renforçant les ambiances à coup de samples, doublant le travail de la guitare. Ça ne vous rappelle pas quelque chose? Le travail de Jordan Rudess sur Train of Thought bien sûr. Le tout soutenu par une basse présente qui fait un travail rythmique impressionnant en compagnie de la batterie. C’est solide et puissant. Par contre, il est intéressant de noter que pour cet album très hard, le groupe n’a pas fait appel à un chanteur guttural.
Les compos sont également plus heavy avec notamment l’instrumentale « Nil By Mouth » qui démarre avec des riffs djent qui pourront faire tiquer les plus proggeux d’entre vous. Ce morceau est d’ailleurs l’instrumentale la plus longue de toute la discographie du groupe. On retrouve ce côté direct, rentre dedans dans « Puzzle Box » que le public a pu découvrir récemment tout comme « The Good Doctor » qui est efficace et assez simple pour un groupe comme Haken. Mais même le plus simple des titres chez le groupe est plus alambiqué qu’un single de Justin Bieber. L’avant dernier titre « Host » est une ballade qui permet de décompresser un peu après 26 minutes très intenses. Mais le repos est de courte durée car Haken est bien décidé à finir en beauté avec « A Cell Divides » (jeu de mots entre la cellule de prison et la cellule biologique) dont le refrain est repris dans plusieurs styles : heavy, atmosphérique et le tout crescendo pour terminer en beauté avec des chœurs magistraux.
Le mot qu’on pourrait donc utiliser pour cet album est « intense ». D’une durée de 45 minutes (soit 12 minutes de plus seulement que leur EP Restoration), il ne laisse pas de place au repos dès le début avec la grosse intro massive « Clear » qui expose certains thèmes développés dans l’album, le tout de façon grandiose et orchestrale. Pour la suite, le groupe déroule un métal prog assumé qui s’éloigne des années 70s et qui vire au djent tout en faisant des références à du Liquid Tension Experiment, comme dans le morceau « Veil », seul morceau qui dure plus de 8 minutes. Ce morceau est sûrement le plus intéressant car il varie un peu les atmosphères mais le reste de l’album n’est pas moins passionnant.
Un petit mot concernant les paroles : Haken a décidé de retourner à un concept album qui lorgne du côté de la folie, de la psychiatrie et des asiles. L’histoire se focalise sur un docteur et son patient catatonique qui a des flashs mais c’est à l’auditeur de définir si ces flashs ne sont que des illusions ou des vrais souvenirs.
Haken continue à se diversifier même si certains préféreront Aquarius pour son côté plus classique ou The Mountain pour son côté plus léger mais chaque album d’Haken est un bijou qui apporte son lot de surprise et montre que le groupe n’est pas prêt de s’éteindre et qu’il compte réellement dans la scène metal prog actuelle.
Note de The Keyboard Wizard : 8/10
Un grand merci à Valérie d’Inside Out !
très intéressant vos articles et vivement le 26 pour HAKEN.