Nous avons la chance, en France, d’avoir le plus grand collectionneur au monde (et oui) de Dream Theater. Franz est également un des piliers de Your Majesty. Il s’est très gentiment prêté au jeu de l’interview pour nous parler au choix, de sa passion / névrose / collectionite aigüe.
Your Majesty : Salut Franz, nous nous connaissons depuis un petit moment maintenant, par l’intermédiaire du forum Your Majesty et aussi de visu avec quelques rencontres lors de concerts de notre groupe favori. Pour ceux qui ne te connaîtraient pas, peux-tu te présenter rapidement ?
Franz : Salut ! En effet, ça commence à faire quelques années que, de près comme de loin, je rôde auprès de ce qui concerne Dream Theater. Pour faire bref (je préfère m’étendre sur le reste), j’ai maintenant 61 ans et je suis fraîchement retraité d’une entreprise historique de télécommunications. Parisien depuis 1977, ça sera enfin l’occasion de retourner sur les terres qui m’ont vu naître, quelque part en Picardie.
Your Majesty : Entrons de suite dans le vif du sujet, comment as-tu découvert Dream Theater ou plus vraisemblablement le groupe Majesty (ancien nom de DT) ?
Franz : Tu as raison : taillons dans le gras! J’avais déjà eu l’occasion, dans un N° préhistorique de Your Majesty (le 4 ou le 5) de raconter cette découverte ; mais qui possède encore ce fanzine ? Ça s’est passé le 17 avril 1989. Déjà gros consommateur de produits musicaux à l’époque (j’avais déjà presque 2500 albums), je me trouvais, comme presque tous les jours, dans le rayon spécialisé d’une « grande surface commercialisant des produits culturels ». Je ne sais plus si c’est la pochette, le nom des morceaux ou la trogne des musiciens au dos de la pochette qui a attiré mon attention. Toujours est-il que j’ai acheté « When Dream And Day Unite » ce jour-là. J’ignorais totalement à l’époque que le groupe s’appelait encore Majesty quelques mois auparavant. Je n’ai découvert ça qu’en mars 1993 lorsqu’un pote avec qui je suis allé en Belgique pour trouver d’éventuels albums pirates et des disques introuvables en France m’a mis entre les mains les n° 1 & 2 de « Your Majesty » à l’occasion d’une pause-pipi sur l’autoroute. Je les ai feuilletés fébrilement, découvrant à ce moment-là, avec bonheur, que je n’étais pas seul à avoir flashé sur ce groupe et qu’un autre passionné en savait beaucoup à son propos… Un certain Stéphane Auzilleau… Et Stéphane listait sur le fanzine les bootlegs dont je disposais déjà.
Your Majesty : J’imagine que tu ne t’es pas dit au moment de la découverte du groupe que tu allais collectionner tout ce qui est rapport avec lui. A quel moment as-tu senti que tu basculais dans le monde de la collection ? Y-a-t’il eu un déclic ou est-ce venu plus progressivement ?
Franz : J’aime bien cette question. J’ai pris une telle baffe dans les quelques secondes qui ont suivi la pose du diamant sur les sillons du vinyle que je me suis demandé sur quelle planète je venais d’être transporté. Comme nombre d’entre vous, j’ai eu l’impression de découvrir sans m’y attendre, « le groupe ultime »… J’avais déjà eu ce type de ressenti lorsque j’avais découvert Rush à la fin des années 70, commençant un embryon de collection de bootlegs. Mais là, l’emprise fut totale.
J’avais aussi l’occasion de fréquenter les salons du disque de collection. Bien évidemment, j’arpentais les rayons à la recherche d’autres produits relatifs au groupe. Mais ce n’est que début 1993 que j’ai déniché mon 1er bootleg : « Live In Long Island« . Plus tard dans l’année (les conventions avaient lieu tous les six mois) j’ai mis la main sur « Consciously Unreal« , « Classic Live » et « The Dance Of Eternity« . Sans m’en rendre compte, j’avais basculé dans ce que tu appelles « le monde de la collection ». Dès l’ouverture des portes, quelques potes et moi nous précipitions sur les stands des Italien, des Allemand et des Néerlandais à la recherche des perles rares. Nous étions friands de disques non-officiels qui nous permettaient de nous rendre compte des possibilités « live » des groupes dont nous étions fans.
Ma véritable bascule dans la recherche de la complétude a eu lieu le 22 juin 1998 à Rotterdam. Ce soir-là, Dream Theater donnait un concert un peu spécial dont la principale trace se retrouve sur le CD des fanclubs 1998. L’après-midi précédant ce concert avait lieu une confidentielle convention de fanclub hollandais. Stéphane en était déjà bien connu et fort respecté. C’est à cette occasion que j’ai pu mettre la main sur les premiers CD promotionnels que je voyais (les singles tirés d’Awake et de Falling Into Infinity). Comme j’avais en ma possession quelques exemplaires – merci Daniel – du mini-album promotionnel « Live Bonus Tracks » réservé au marché français, mes achats se sont transformés en échanges fructueux. Je n’avais pas encore capté que j’étais en possession de quelque chose de si précieux aux yeux des collectionneurs de l’époque et que je n’avais aucune difficulté à le monnayer. Et c’est lors de cette convention que Stéphane et Sébastien Demay m’ont subrepticement suggéré de me lancer dans une recherche « approfondie ». Il faut dire que sur place, avant de nous rendre à cette convention, j’avais croisé sur le trottoir Derek en pleine conversation avec deux belges (Ivan et Xavier) dont la passion était de compiler les coupures de magazines (photos et articles) de toutes provenances. Mes yeux brillaient lorsque je voyais le regard de Derek émerveillé par autre chose que sa girlfriend du moment. Donc, considérant que l’œuvre du groupe ne commençait qu’à peine à prendre une sérieuse envergure, je me suis lancé ce défi de compiler de manière aussi exhaustive que possible, et en fonction de ce que mon budget pouvait tolérer, ce que les médias, quels qu’ils soient, éditaient.
Your Majesty : Peux-tu nous donner une évaluation à la louche du nombre de pièces de ta collection ?
Franz : Absolument pas… Même à peu près, je serais incapable de la dénombrer. D’autant plus que je possède nombre de trucs qui ne sont pas, ou pas encore, référencés sur la Dreamologie.
Your Majesty : Bon nombre de fans francophones de DT doivent connaître la Dreamologie, source incroyable de données sur les sorties officielles ou non du groupe. Par contre, je pense que moins de personnes savent qu’en fait tu l’alimentes au fur et à mesure de tes acquisitions et qu’en fait c’est un bon catalogue de ce que tu possèdes. Peux-tu nous dire le temps que tu consacres aux mises à jours de ce Wiki référentiel ?
Franz : J’espère que la plupart des fans francophones connaissent la Dreamologie ! En ce qui concerne le temps que ça prend, je reconnais que c’est variable et pas si chronophage que ça. Quand ça a démarré, le site était bien moins développé que maintenant et beaucoup moins bien rangé. C’est en 2007 que Nicolas Antoine, un des web-bidouilleurs du fan-club, m’a contacté pour me soumettre l’idée d’une autre organisation de la Dreamologie (celle que nous connaissons aujourd’hui). Pendant quelques mois, à partir de mars 2007, une grande partie des éléments existants a été adaptée à la nouvelle présentation. Ensuite, la Dreamologie « nouvelle formule » a été mise en ligne.
Depuis, il suffit de scanner (ou de récupérer sur le net quand ils sont de bonne qualité) les éléments nouveaux à intégrer. Bien sûr, les moments les plus intenses sont ceux qui concernent la parution d’un nouvel album… Mais dans la mesure où il s’agit d’un loisir, je fais ça à mon rythme.
Comme je suis maintenant beaucoup moins concerné par une vie professionnelle bouillonnante, j’envisage de peaufiner les parutions et de m’orienter vers l’aspect qualitatif. Je prévois notamment de redimensionner bon nombre d’images qui restent encore « petites » lors de leur visionnage. En effet, certaines images, sous-dimensionnées, sont des survivantes de l’époque où la taille réservée à leur hébergement était limitée. Elles ont donc conservé cette taille lors de la migration vers le site que nous connaissons.
Your Majesty : En parlant de la Dreamologie et donc de ta collection, elle est regroupée en 2 sections principales recensant des sorties officielles ou non. Peux-tu nous parler un peu plus des objets (Albums, Revues, Objets) que tu possèdes ou recherches ?
Franz : Quitte à passer pour prétentieux, je crois que les objets officiels commercialisés de par le monde, je les ai. Rares sont les trucs qui m’échappent. Néanmoins je reconnais que j’adore qu’on me signale que quelque chose m’a échappé. Pour ça, la Dreamologie est parfaite. Certains me contactent pour m’annoncer qu’il y a un « trou » et me demandent toujours gentiment si il est normal que tel ou tel article n’y figure pas.
J’évite de publier tout et n’importe quoi. Il faut bien être sélectif dans les démarches. Voici pourquoi certaines catégories d’objets ne sont pas listés. Je recherche essentiellement les produits officiels provenant du monde entier et que mes finances me permettent d’acquérir : supports audio, supports vidéo, pressages étrangers, rééditions, promos… Également les contrefaçons de toutes origines, les compilations incluant un ou parfois plusieurs (plus rare) titres du groupe, les magazines de tous pays sur lesquels le groupe, ou un des membres du groupe, se trouve en couverture. J’ai eu l’occasion, récemment, de discuter avec des fans et ils ont évoqué le sujet T-Shirts… On s’est bien marrés quand j’ai dit que je ne photographierai pas ceux que j’ai, sauf si je n’avais pas à me soucier de les replier après !
Your Majesty : Je sais que tu es particulièrement fier d’une bague et également d’un blouson, peux-tu nous en raconter leur histoire ?
Franz : J’aime bien l’histoire de cette bague. Quelques anecdotes y sont liées. Cette bague est simplement le 1er achat que j’ai fait d’un objet publié sur internet. En 1998, un bijoutier danois du nom d’Asger Thorulf, fait savoir qu’il commercialise sur commande, une bague affichant le logo Majesty. En fait, deux modèles : une argent/argent et une or/argent. La trouvant superbe, j’ai promptement contacté ce bijoutier qui m’en a fabriqué une or/argent. Celle que je porte en permanence depuis maintenant plus de vingt ans est numérotée, comme les dix premières fabriquées. Elle porte le N°0003. Un jour, à Los Angeles, James remarque que, comme lui, j’ai cette bague. Il me montre la sienne. Je pose la mienne à côté de la sienne et lui fais remarquer que la mienne est en or et la sienne en argent. Et là, il me sort une phrase qui résonne encore à mes oreilles : « Oui, mais moi je ne l’ai pas payée… « . Sur ce, Mike s’approche et James lui demande si il en a une. Mike répond par l’affirmative en précisant qu’elle était suffisamment lourde pour perturber son jeu et par conséquence qu’il ne la portait pas. Je n’ai hélas jamais pu savoir quel N° de série celle de Mike avait.
Ce blouson, que certains connaissent pour me voir passer avec, remontant toute la file d’attente devant le Zénith de Paris et passant de manière éhontée par-dessus les barrières de sécurité proches de l’entrée en forçant la place pour m’y insérer, est une pièce unique. C’est un véritable Perfecto Schott au dos duquel est peint le cœur en flammes entouré de barbelés qu’on voit sur la pochette d’Images And Words. Il y a la signature de l’artiste à côté. J’ai eu ce blouson pour une bouchée de pain auprès d’un italien pour qui il était nettement trop grand. C’était un des premiers objets disponibles sur eBay en « achat immédiat ». J’étais au bon endroit au bon moment. Et comme le rital est sympa, il m’a même offert la doublure !!
Your Majesty : Peux-tu également nous parler d’une poignée d’autres objets qui sont chers à ton coeur, une sorte de TOP 10 ?
Franz : Après une certaine durée de réflexion, mon choix se porte sur ces trucs-là :
- La bague, à laquelle il faut associer le pendentif, fait main également (N° de série 628).
- Le réveil de voyage (promo Awake).
- Le single « Tears« , obtenu dans les conditions particulières que voici : janvier 1998 : Stéphane, alors au Japon pour assister à une série de concerts du groupe, m’appelle avec son portable (!) pour me demander combien je serais prêt à dépenser pour obtenir ce qu’il avait sous les yeux, derrière la vitrine d’un magasin de disques à Shinjuku.
- Le T-shirt « Big Apple in flames » pour lequel je me suis presque battu au stand de merchandising du Roseland Ballroom le 30 août 2000.
- La version promo de Awake (pochette en noir et blanc) que Francis Zégut est allé me chercher spécialement dans son bureau.
- Les compilations de 1988 sur lesquelles figurent les morceaux de Dream Theater sous le nom de Majesty.
- Le disque d’or pour 500.000 ventes de Images and Words, très lourdement taxé lors de son passage en douane parce que le vendeur l’avait déclaré comme « œuvre d’art ».
- Le CD du groupe de Mike « Rising Power » qu’il m’a signé dans un pub, à Londres après le concert du Ronnie Scott’s Jazz Club, ainsi que le carton d’invitation à ce concert, premier objet signé par Derek depuis son intégration au groupe.
- La cassette audio de Majesty, autoproduite en 1986. J’en ai deux : l’une est scellée et l’autre est signée par Kevin Moore.
- Le vinyl « Test-pressing » de la version anglaise de « When Dream and Day Unite », signé du 2/2/1989.
Your Majesty : On sait tous qu’une collection n’est jamais terminée, d’autant plus que le groupe est en activité. Avant même de jeter son dévolu sur un objet, encore faut-il savoir qu’il existe. Pour ce qui est des sorties officielles rien de plus facile avec les réseaux sociaux et la fièvre de communication des labels, cela devient plus difficile déjà pour des sorties « promos » et il n’existe bien sûr pas de catalogue de bootlegs ou de contrefaçon. Comment te tiens-tu au courant de toutes les potentielles acquisitions ?
Franz : Tu as ô combien raison de préciser qu’une collection n’est jamais terminée! D’ailleurs, ne penses-tu pas que ce serait bien chiant d’être certain de tout avoir ? Plus aucun espoir de découvrir la moindre nouveauté, la moindre rareté ? Quel ennui! Heureusement, les réseaux sociaux, et le Net en général, permettent à ceux qui partagent leur passion d’en exposer les raisons et les objets de leur fierté. Et je ne te cache pas que parfois il m’arrive de soupirer devant un truc que je n’ai pas… si, si, ça arrive.
Your Majesty : Ton réseau personnel (contacts « rabatteurs », labels, autres collectionneurs) est sûrement très étendu que ce soit en nombre ou en distance. Quelles sont tes relations avec tout ce beau monde ? Passes-tu du temps à aller à la pêche aux infos pour savoir si untel peut avoir un plan pour te procurer le Graal du moment ou es-tu plutôt contacté pour savoir si tel objet t’intéresse ?
Franz : Ahhhhhh…. Mon « réseau »… Il ne s’est pas fait en un jour. Il a commencé par des « je connais quelqu’un qui connaît quelqu’un qui… » à l’époque où le courrier, il fallait l’écrire avec de l’encre et que les mandats internationaux coûtaient cher et n’en finissaient pas de parvenir à leurs destinataires. Maintenant, une adresse mail, même pas un Bonjour, et hop, une sollicitation se retrouve au bout du monde. Ça a du bon, je confirme (mais un Bonjour en début de mail ne m’a jamais écorché les doigts). Toujours est-il que je suis bien content de pouvoir, depuis très longtemps parfois, compter des des connaissances que je suis arrivé à convaincre de ne pas relâcher « la veille ». En Belgique, au Royaume-Uni, en Allemagne, en Italie, en Espagne, en Algérie, en Grèce, en Pologne, en Hongrie, en République Tchèque, en Russie, en Ukraine, en Norvège, aux USA, au Brésil, en Colombie, au Venezuela, en Argentine, au Chili, en Israël, en Turquie, à Singapour, en Chine, au Japon, en Thaïlande, en Indonésie, en Malaisie, en Inde, aux Philippines, en Australie… je pense que j’ai fait le tour. J’apprécie énormément ce genre de message : » Je peux t’avoir ça. Je ne le vois pas sur la Dreamologie ; dis-moi si ça t’intéresse ». Je laisse rarement ce genre de message sans réponse rapide. Je laisse toujours une réponse et un merci, de toute façon.
Your Majesty : Pour revenir sur ton réseau, j’imagine que c’est un peu « donnant donnant » surtout avec les autres collectionneurs, tu te bases certainement aussi beaucoup sur des échanges avec eux ?
Franz : Ça a été valable il y a quelques années. Avec certains « gentils archarnés » (je pense à deux britanniques et à deux américains), l’entente était plutôt bonne et les petites piques genre : « J’ai trouvé ça mais je le garde parce qu’il n’y en a pas d’autres » faisaient sourire jusqu’à ce que les autres tombent sur la source rapidement et se mettent au niveau du premier. L’ambiance a commencé à virer aigre lorsqu’un des deux anglais s’est mis à faire un étalage indécent de sa « fortune ». Impossible de qualifier ça autrement. Je reste persuadé qu’il se faisait fabriquer, à ses frais, des CD en usine en nombre très très très limité à partir des enregistrements qu’il récupérait sur internet. Il en gardait un et en proposait un autre pour plus de 150 euros sur eBay. L’ambiance se délitait à un point tel que le deuxième anglais, écœuré, m’a dit : « J’abandonne. Choisis le premier dans ma collection ce que tu désires et je te fais un prix« . J’ai donc fait quelques acquisitions, pas forcément de raretés, et je suis toujours en contact avec lui.
De nombreuses années plus tôt, vers 2002-2003, un très proche ami d’un collectionneur me contacte et me dit que le collectionneur en question est en phase terminale d’un cancer. C’est toujours terrible d’apprendre de telles nouvelles… Atteint d’un cancer sans rémission possible, ce type m’avait choisi pour être le premier à qui proposer l’acquisition de sa collection. Quelle attention ! J’en suis encore touché. J’ai renvoyé la liste avec mes choix et mon estimation détaillée. C’est pour mon honnêteté et la précision des cotes que j’avais données qu’il a choisi de me donner la préférence. Le carton fut grand, copieusement rempli et parfaitement agencé. Des précautions de pro. Le montant de la transaction fut relativement élevé mais justifié. Je n’ai jamais reçu de nouvelles de ce collectionneur par la suite.
Un autre collectionneur américain, fortuné lui aussi, avait une autre tactique… Sans avoir lui-même une collection conséquente, il faisait le va-et-vient entre la Dreamologie et les sites de vente aux enchères ! Résultat des courses : il savait à l’avance ce que j’étais susceptible de viser et rien que pour me faire chier, il plaçait des enchères très élevées sur ces objets-là. Et il allait ensuite fanfaronner qu’il avait des trucs que je n’avais pas… C’est encore le cas, notamment pour une compilation américaine de 1997, que je n’ai toujours pas réussi à dégotter. Et un jour, j’espère qu’il s’est bouffé les burnes à l’occasion, il m’a fait savoir qu’il ne me concurrencerait plus. Simplement parce qu’il considérait que mon carnet d’adresses était beaucoup trop étendu pour pouvoir rassembler autant de pièces que moi sans dépenser des sommes folles.
Plus récemment, de nouveaux collectionneurs sont apparus sur les forums. Et je voudrais pousser un petit coup de gueule à leur encontre : Cocorico ! En effet, je suis persuadé que les américains ne trouvent bien que ce qui vient de chez eux. Le french-bashing sévit toujours, à moins que je ne sois devenu parano. Je m’explique : un américain s’est fait plaisir en postant quelques photos de sa collection. Des photos sympas d’une collection sympa, bien plus élaborée que la moyenne des collections habituellement présentées, en tout cas. A quoi des dizaines et des dizaines de commentaires élogieux et dithyrambiques ont répondu, dans le genre : « Je n’ai jamais rien vu d’aussi complet ; c’est la plus belle collection du monde« . Je n’allais pas louper l’occasion de fournir à ces fans une « vraie » collection à consulter. Sans tarder, j’ai posté le lien vers la Dreamologie dans la page dédiée. Et quel ne fut pas mon étonnement, voire mon dégoût, de voir, quelques minutes à peine après avoir posté le lien, des commentaires du genre : Sympa, Nice, Correct… Ces trous du cul n’avaient pris le temps de n’afficher au grand maximum qu’une dizaine de pages !!! Rien que le fait de voir s’afficher du français a dû les rebuter. Ils n’ont même pas cherché à lire les images LOL. C’est la dernière fois que je donne du caviar à des cochons.
Your Majesty : Au moment de récupérer des objets désirés, tu dois aussi acheter des lots, ce qui implique un bon nombre de doublons. Là, encore, ce doit être une base d’échanges, comment gères-tu ce stock ?
Franz : C’est une question à laquelle je ne m’attendais pas. Il y a, dans mes armoires, un endroit où je range les quelques doublons en question. Heureusement, il y en a peu. Il m’est arrivé de me faire avoir par une description faussée et ainsi recevoir un truc que j’ai déjà. Heureusement, ces trucs n’ont que peu de valeur. Je me suis en effet retrouvé dans la quasi obligation d’acquérir un lot juste pour un exemplaire compris dans le lot. Ça arrive quand le vendeur n’est pas OK pour te vendre ses objets séparément.
Your Majesty : Tu dois bien évidemment avoir une sorte de « Want-list » avec laquelle tu écumes les sites de vente en ligne (Ebay, Discogs, …). Est-elle conséquente ou bien de taille raisonnable ?
Franz : Oui, en effet, j’ai une « Want-list » que j’étoffe (ou que je vide) de temps en temps. Pas toi ?? Je la garde discrète et, quand je reçois une alerte sur la disponibilité d’un de ces articles, ma réaction est très rapide. Dans le sens : oui, le prix est correct ; ou bien : non, ce n’est pas raisonnable. Et tu vas rire, mais un vendeur, à qui j’ai martelé que ses tarifs étaient beaucoup, beaucoup trop élevés pour pouvoir vendre ses objets, et que j’étais prêt à lui offrir cash une somme que j’estimais très convenable pour les acquérir parce que je suis le seul susceptible de ne pas le laisser crever avec, reste persuadé de pouvoir les vendre cher… Quel abruti. Et je n’irai certainement pas me prostituer pour ce genre de type qui croit pouvoir transformer ce qu’il touche en or. Il va craquer, j’en suis certain. J’écris au présent car le business n’est toujours pas terminé. Ou bien il me vend ça pour un tarif que j’estime correct, ou bien il crève à côté de ses étiquettes déraisonnables. Non mais !
Your Majesty : Comme beaucoup de collectionneurs, beaucoup de facteurs freinent les ambitions, notamment le coût, mais aussi la place. Comment gères-tu tout ça ?
Franz : Ces facteurs sont tous les deux à prendre en considération. Tant au niveau financier qu’au niveau de la gestion de l’espace, ces sujets ne sont pas anodins. Commençons par la place. La bonne réponse à donner, quand tu as peu de place, c’est que tu t’arranges pour bien ranger, et de manière ergonomique. En résumé, tout est en bordel et c’est pour ça que tu ne tiens pas forcément à exhiber ce désordre. En ce qui me concerne, ce point est définitivement réglé. En tant que retraité, je me suis retiré dans la maison de mes parents, que j’ai perdus tous les deux l’an dernier. Il me faudra quand même un certain temps et beaucoup d’organisation pour, le cas échéant, donner une touche plus aérienne à mes présentations et ainsi faire respirer ce que je confine encore pour l’instant dans des armoires fonctionnelles et bien rangées certes, mais pleines.
L’aspect financier est également très important (tu m’étonnes !!!). Pour un collectionneur, une collection ne peut aller qu’en s’accroissant. L’essentiel, pour l’avoir vécu, est une question de rythme. Je n’ai pas construit la mienne du jour au lendemain. J’ai eu la chance de « choisir » un groupe en qui j’ai cru dès le début, un groupe dont la notoriété n’est due ni au clinquant, ni aux scandales, ni aux excès. Juste au talent estimé et reconnu par de nombreux musiciens, pratiquants ou non (on peut être musicien sans pratiquer un instrument). Heureusement que je n’ai jeté mon dévolu ni sur Iron Maiden ni sur Kiss !!! C’est donc petit à petit que je l’ai bâtie, cette collection. Il est préférable d’éviter les à-coups et surtout d’éviter les coups de cœur soudains qui peuvent se transformer en coups de folie. Un coup de cœur, ou un coup de folie, doit se limiter à deux critères : le caractère exceptionnel et la rareté de l’acquisition envisagée et la somme mûrement réfléchie qu’on est décidé à y consacrer. Mais rien n’empêche de combiner les deux (rareté et tarif) dans ce que nous appellerons tous « une bonne affaire ». Chacun a sa propre échelle de valeurs bien établie au fond de lui-même. C’est une lapalissade.
Your Majesty : On sait que Mike Portnoy est un gros collectionneur de son propre (ex-)groupe. J’imagine que vous vous connaissez ; t’a-t-il déjà sollicité pour des pièces qu’il recherchait lui-même ?
Franz : Nous nous connaissons un peu. Je doute quand même qu’il me reconnaisse s’il me croisait au coin de la rue. J’ai passé un peu plus te temps avec lui que les autres fois lors de la 2ème convention Your Majesty, organisée le 19 mai 2001 à l’Elysée-Montmartre (Pour rappel, la 1ère avait eu lieu le 27 avril 1997 à Villeurbanne, près de Lyon). Pour cette occasion, Mike et son épouse avaient fait le voyage. Bien sûr, Mike a pu accéder aux stands avant l’ouverture des portes au public et ainsi parcourir les rayonnages improvisés sur lesquels j’avais disposé les bootlegs que je possédais à l’époque. Ce n’est pas sans un certain plaisir que je l’ai vu s’attarder sur quelques pièces. Il les connaissait quasiment toutes et j’ai égoïstement profité de ses commentaires et anecdotes au fur et à mesure qu’il détaillait les CD. Je fus intérieurement très fier de le voir en décortiquer un d’un air curieux et intéressé. Fierté très mal placée car j’avais acquis le bootleg en question la veille… Et c’est un de ceux qu’il a été le plus facile à dégotter dans les semaines qui ont suivi. Ma fierté a quand même été particulièrement flattée quand il s’est étonné très sincèrement de la présence en ces lieux du single « Tears » qu’un certain Olivier Garnier avait pris soin de disposer dans un présentoir (qu’il avait assemblé lui-même, sur place, peu de temps auparavant) à la hauteur de la réputation de l’objet. Respect, Monsieur Olivier.
Your Majesty : Es-tu en relation, avec les membres actuels du groupe, savent-ils que tu es cet immense collectionneur ?
Franz : Non. Mon dernier contact proche remonte à octobre 2007, à cette époque où les « meet and greet » tarifés se s’appliquaient pas encore systématiquement au groupe. Maintenant, place aux jeunes (mais il faut qu’ils payent). A cette occasion, je revois James en train de signer la page d’accueil de la Dreamologie que j’avais disposée devant lui et s’exclamer : « What the f**k is this?« . Le temps de lui expliquer, il signait déjà autre chose pour quelqu’un d’autre. Une façon personnelle de signifier qu’il n’en avait pas grand’ chose à faire. La Dreamologie n’était en ligne que depuis quelques semaines à peine… John Petrucci et Jordan savent que cette collection est « remarquable » mais n’étant pas collectionneurs eux-mêmes, ce compliment perd en intensité. Actuellement, Mike serait toujours le mieux placé pour la considérer à leur vraies valeurs, qualitative et quantitative.
Your Majesty : Ta passion pour DT est-elle la même qu’aux premiers jours ou s’est-elle émoussée avec le temps, les sorties et les évolutions de line-up ?
Franz : Tu n’en as pas eu assez à lire jusque- là ??? LOL. Pour une fois, je ne vais pas me noyer dans les détails. J’ai vu sur les forums il y a quelques mois que beaucoup de fans avaient établi un classement des albums du groupe en fonction de leurs préférences. A de très rares occasions je suis tombé sur des classements qui pourraient ressembler au mien. C’est pour ça que je n’ai pas osé publier mes préférences. En effet, il suffirait que je réécoute n’importe lequel des albums pour y trouver la ou les petites touches de génie, à mes yeux, qui modifieraient le classement que j’aurai établi la veille. C’est comme ça que le groupe continue sa carrière, plaisant à certains, puis à d’autres, puis revenant aux goûts des premiers publics. Jusqu’à présent, je n’ai jamais pu haïr un album au point de totalement jeter le groupe aux orties. Deux albums m’ont quand même immensément déçu. Mais je n’en révèlerai pas les noms ici afin de couper court aux inévitables polémiques.
Your Majesty : Sinon, hors DT, as-tu des groupes pour lesquels tu te passionnes également, qui te font vibrer ?
Franz : Accroche-toi, connecte ton VPN et nettoie bien ton joli accès fibre, car il va chauffer. Surtout si tu veux coller au plus près de ce qu’était le Prog-Metal dans les années 90. Ce Prog-Metal n’est pas du même tonneau que celui d’aujourd’hui. Ce n’est que mon avis et il est le reflet de ma sensibilité (c’est qui, l’interviewé ??? LOL). Actuellement, le Prog-Metal me semble exclusivement tourné vers la performance technique époustouflante alors que, 25 ans en arrière, la mélodie était encore prépondérante. Pêle-mêle, voici donc une liste de groupes dont les œuvres continuent de chatoyer mes cages à miel :
En Prog-Metal : Rush, Threshold, Shadow Gallery, Arkhè, Regency, Venturia, Tunnelvision, Il Trono Dei Ricordi, Ivanhoe, Vanden Plas, Magellan, Asgard (le groupe italien), Circus Maximus, Empty Tremor, Mayadome, Tomorrow’s Eve, Pagan’s Mind. Et j’en oublie certainement. Ne me demandez pas pourquoi tels ou tels autres groupes (Comme Haken, Leprous, Pain Of Salvation, Periphery et Riverside, par exemple) ne figurent pas dans cette liste; j’ai mes raisons.
Dans d’autres styles, j’aime bien le Hard-FM, le rock sudiste, le hard-rock qualifié de binaire qui me rappelle que j’ai eu des cheveux longs quand je remuais la tête (AC/DC, Krokus, Status Quo, etc…) J’ai encore maintenant un regard et une sensibilité toutes particulières pour la musique qui a bercé mon enfance et le début de ma jeunesse : Deep Purple, The Who, Uriah Heep, Ten Years After puis Aerosmith… Led Zeppelin et Black Sabbath n’avaient pas, à part quelques titres, suscité autant d’intérêt.
Your Majesty : En guise de conclusion, as-tu un message à faire passer à la communauté Your Majesty ? Peut-être une demande sur l’objet qui te résiste en ce moment et pour lequel tu aurais besoin d’une aide ? Ou même encore une ou plusieurs questions auxquelles tu aurais voulu répondre mais que je ne t’ai pas posées ?
Franz : En matière d’appel à l’aide, je te remercie pour cette tribune; mais depuis le temps que j’écume les forums et les sites dédiés, peu de choses m’ont échappé. Mais la porte reste bien évidemment ouverte!
Et par le biais de cette interview, à laquelle il m’a été fort agréable de répondre, j’aimerais saluer et remercier toutes celles et ceux dont j’ai eu l’occasion de croiser le chemin : Stéphane Auzilleau, Sébastien Demay, Bertrand Croisé, Valentin Angrand (R.I.P), Charly Sahona, Brett Caldas-Lima, Nathalie Campos, Charlotte Meyer, Christian Bill, Christian Cefaï, Rémy Lafontaine, Romuald Cobo, Masayuki Daigo, Jon van Daal, Jean-Pierre Herman, Gilles Masson, Eric Ouaknin, Adriana Califano, les frangins Demagny, Ties Göbel, les staffs des fanclubs « historiques » des années 90 (néerlandais et italiens en particulier). L’amitié ne s’efface pas avec le temps. Elle s’espace…
Longue vie à Dream Theater, à Your Majesty et… à vous tous.
Your Majesty : Merci à toi pour le temps passé à répondre à nos questions et à faire partager ta passion !

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