[Chronique] Intersonic de Jordan Rudess et Steve Horelick

Comme d’habitude, on commence par remercier Scott Schorr producteur de l’album pour m’avoir permis d’écouter cet album bien avant sa sortie. Vous pouvez commander le CD ici : https://www.pledgemusic.com/projects/intersonic Des packages sont disponibles avec t-shirts et CD dédicacés.

Fan de Rhythm of Time? Fan du Rudess Morgenstein Project? Préparez-vous à une grosse surprise car Rudess nous propose là, un virage à 180 degrés. Exit les compos hyper complexes et rythmées où Jordan nous montre qu’il peut gérer la basse, la guitare, les nappes et les soli leads en même temps. Exit les arrangements de piano solo comme sur Notes on a Dream et The Unforgotten Path. Au premier abord, on pourrait se dire : « oh mon Dieu, cet album aura plus sa place aux côtés des CDs zen de Nature et Découverte » et il vous faudra quelques minutes pour oublier ce que Jordan a pu faire avec Dream Theater et en solo. Donc les fans de rock qui n’aiment que ce genre de musique, allez faire un tour ailleurs. Pour les personnes ayant des goûts plus éclectiques voulant découvrir une autre facette de Jordan et voulant voyager, foncez les yeux fermés. D’ailleurs c’est de cette façon que l’album se révèle le plus intéressant : les yeux fermés, le soir en se focalisant uniquement sur la musique ou alors pour oublier le monde autour, les bouchons, le trafic, le RER A …Certes certains titres sont plus difficiles d’accès et il faut s’émanciper du schéma classique : intro, couplet, refrain, couplet, refrain, outro pour se laisser guider par l’impro. C’est de l’improvisation pure. Alors pour les fans de musique électro pop avec des thèmes qui rentrent dans la tête facilement, ça ne sera pas votre album de chevet. Mais, au risque de me répéter, pour ceux qui aiment les surprises, le voyage musical, cet album est fait pour vous.


Les influences sont diverses et on se prend à penser à Jean Michel Jarre, Pink Floyd, Hans Zimmer lors de l’écoute. Par contre il est hallucinant de se dire que dans un album d’electro/ambient, le grand gagnant est un piano acoustique. Sur certains titres, on pourrait se dire que c’est un album de piano classique où les nappes et arpèges électro viennent soutenir l’instrument. Intéressant ce choix d’un instrument acoustique qui vient se confronter aux synthétiseurs qui, pour leur part, ne sonnent pas froid. J’avais vraiment peur d’assister à une débauche de sons plats et sans vie mais au final les synthés utilisés sont très organiques et chauds ce qui était assez rare de la part de Jordan. Ils sont parfois proche de la démarche de Jean Michel Jarre lors de ses débuts (fans d’Equinoxe, écoutez Submergence) à savoir émuler les sons naturels (sons de baleine, sons de marée…).


Parmi les morceaux qui ont retenus mon attention, il y a tout d’abord Child Mind : première alliance entre synthés analogiques et piano. On se croirait un soir de pluie sous la couette. Peut-être un peu trop long mais ce côté improvisation à la Lang Lang me plait bien. C’est peut-être la seule critique de l’album : la longueur de certains morceaux. Les improvisations auraient dû être plus travaillées (un peu antithétique vous allez me dire) pour être plus efficace et moins se perdre. Ensuite j’aime beaucoup Quantum Fuzz qui a un côté Space Dye Vest avec un piano hyper présent, des nappes qui vont et viennent. Puis, Submergence fait très Jean Michel Jarre version Equinoxe ou Zoolook (avec quelques samples de voix) avec des nappes qui font penser à de l’Eminent ou du Solina mais malheureusement sans le côté « pop » c’est à dire en gardant cet aspect improvisé. Dreaming Aloud me fait penser à du Hans Zimmer des années 2010 (je ne parle pas des BOs grandiloquentes à grand renfort d’orchestre à la Pirates des Caraïbes) : un piano soutenu par des nappes qui vont et viennent comme une marée, sorte d’Interstellar improvisé. Enfin gros bémol pour Swarm qui est en fait un charabia de NOMACs durant 6min : sympa en bande son Halloween ou à la fin de l’album mais aucun intérêt.
Pour conclure, c’est un album très surprenant que nous ont pondu Jordan et Steve et qui révèle enfin au grand jour cette personnalité plus électro. Alors vous allez me dire qu’il y a déjà eu la collaboration avec Richard Lainhart (dont on peut entendre les influences) mais c’était plutôt confidentiel et limité à quelques lives. Jordan assume pleinement ses influences moins rock et nous permet de voyager. Il ne faut en aucun cas comparer cet album avec les géniaux Rhythm of Time, Listen ou encore Rudess Morgenstein Project au risque de passer à côté de belles choses. Il ne reste plus qu’à croiser les doigts pour que les deux compères nous fassent voyager en live avec de nouvelles technologies sonores : Jordan nous a parlé de l’utilisation de l’ambisonie et le son surround. D’ailleurs il aurait été intéressant d’écouter cet album en son 5.1.

Chronique : The Keyboard Wizard

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