Dream Theater : A View From The Top Of The World par Wizard

Voici le quinzième album de Dream Theater : « A View From The Top Of The World », composé après l’arrêt brutal de la dernière tournée du groupe, pour cause de pandémie.

Point faibles

Le groupe s’autoplagie de plus en plus souvent

  • Dans l’introduction du titre « The alien », l’enchaînement entre la première partie en mi et le début de la seconde partie en fa dièse, rappellent le pont instrumental de « Sacrificed sons », dans lequel on retrouve des riffs, basés sur les mêmes notes fondamentales, mais avec des subdivisions rythmiques différentes. De 1.07 minute à 1.11 minute, la transposition du premier riff, joué à l’unisson entre guitare, basse et clavier, ramène l’auditeur à un passage de « This dying soul ». Durant le solo de John Petrucci, le passage, allant de 6.03 minutes à 6.07 minutes, avec ses notes descendantes, rappelle la fin du solo de guitare de « Scarred », dans l’introduction de la version du double album « Once in a lifetime ».
  • Dans l’introduction et le pont instrumental du titre « Sleeping Giant », les enchaînements d’accords en tierces ramènent l’auditeur à ceux du pont instrumental de « Honor Thy Father » ou ceux, présents dans les soli du morceau « The passage of time », de Liquid Tension Experiment.
  • Le riff, joué à l’unisson par la guitare et la basse, puis à deux voix par John Petrucci et Jordan Rudess, avant le second couplet de « Sleeping giant », rappelle certains riffs du morceau « When the water breaks », de Liquid Tension Experiment.
  • Dans le pont instrumental du titre «Sleeping giant », le second riff, joué durant les questions-réponses entre guitare et clavier, ramène l’auditeur à un passage de la chanson « The count of Tuscany » 
  • Le premier riff du pont instrumental de « Transcending time » rappelle ceux, présents dans l’introduction de « In the presence of enemies, part 1 » et dans le morceau « Beating the odds », de Liquid Tension Experiment, mais avec une décomposition rythmique différente
  • Dans la chanson « Awaken the master », le premier riff du morceau, ainsiqu’une déclinaison de celui-ci, présente dans le pont instrumental, mais avec une autre subdivision rythmique, ramènent l’auditeur au riff d’ouverture de la chanson « The dark eternal night », ainsi qu’à un autre, se trouvant dans le pont instrumental de ce même titre.
  • Le second riff, joué à l’unisson durant la dernière partie du morceau épique, rappelle un passage de la chanson « Endless sacrifice ».

Les lignes de chant

Bien que les lignes de chant des couplets soient différentes dans chaque titre, elles se ressemblent, étant construites avec les mêmes intervalles, et comportant très souvent des notes longues et répétées, les mélodies vocales les plus faibles étant celles de « Awaken the master », où l’auditeur semble perdu dans un brouillard épais, et le chanteur, paraissant en déséquilibre, et ne sachant où poser ses mots.

Quelques incohérences, dans la composition des morceaux

  • Durant l’album, une transition trop brutale, située au début de la dernière partie du morceau donnant son titre à l’album, avec la relance très rapide du batteur.
  • La dernière partie instrumentale, qui clos ce morceau, est ennuyeuse et laisse l’auditeur interloqué à la première écoute, lui donnant l’impression d’une composition inachevée. Le groupe a sans doute voulu changer de procédé, pour ne pas se répéter, par rapport aux épiques précédents, mais cette fin alambiquée, qui donne à écouter une déclinaison du premier thème orchestral, mais dans une décomposition rythmique différente, est emprunte de lourdeur, souffre de répétitions et n’amène aucune émotion, contrairement aux conclusions grandioses de « Six degrees of inner turbulence » ou de « Illumination theory », qui emmenaient l’auditeur très haut. Si le groupe voulait procéder de manière plus simple, pourquoi ne pas avoir répété une dernière fois le refrain « See a view from the top of the world », suivi d’une conclusion instrumentale, comme il avait su si bien le faire, dans le morceau « Pale blue dot » ?

L’hammond de Jordan Rudess

L’orgue Hammond XK5 semble être le nouveau compagnon de Jordan Rudess, de par son rôle prépondérant sur l’album, mais parfois, son vibrato, conjugué à trop de distorsion, ne semble pas naturel.

Pont de Awaken The Master

Dans la première partie du pont instrumental du titre « Awaken the master », la mélodie, jouée avec des notes graves et une pédale wah-wah par John Petrucci, alourdit le morceau.

Batterie

La grosse caisse de la batterie est trop clinquante.

Points forts

Les morceaux

Sur cet album, il n’y a aucun morceau faible, ni aucune ballade mièvre. Le morceau le plus déconcertant étant « Awaken the master », dû au son grave de la guitare huit cordes, qui donne un aspect sombre à cette composition, bien que les riffs, qui composent ce morceau, soient bourrés d’énergie.

Nuances

Davantage de nuances et de respirations illuminent les morceaux : début et fin de l’introduction de « Sleeping giant », seconde partie du morceau épique (le plus beau passage de l’album), et les couplets de « Transcending time » .

Structure des morceaux

D’un point de vue rythmique, les structures des morceaux sont très captivantes, bourrées de rebondissements et emmènent l’auditeur vers l’extase ; avec un festival de mesures asymétriques et de parties instrumentales complètement folles : « Sleeping giant », « Awaken the master » et « A View From The Top Of The World ».

Les thèmes

Des thèmes et des suites d’accords fantastiques dans les compositions : refrains de « Sleeping giant », le second d’entre eux ayant une mélodie vocale différente, et étant joué dans une tonalité différente, et comprenant des modulations différentes, ce qui a pour effet d’enrichir considérablement le morceau, afin de prendre l’auditeur par surprise et de maintenir son attention en veille.

Les soli

De superbes soli de John Petrucci, très inspirés, aux splendides mélodies, accompagnés, là encore, de magnifiques progressions d’accords.

Le clavier

Le rôle du clavier, beaucoup plus soutenu sur cet album, et qui amène de la beauté et de la lumière à la musique, en contre-chant des riffs tranchants de guitare : motif joué avec un son de piano Fender Rhodes, au début et à la fin de l’introduction de «Sleeping giant » (on peut se demander si Jordan Rudess n’a pas été influencé par Jean-Michel Jarre, car cet enchaînement d’accords est présent dans « Oxygène 19 », dans une tonalité différente), de nombreuses parties de piano magnifiques, tout au long de l’album, et des ambiances particulières, grâce à des sons singuliers (introduction de « Answering the call) et sur la dernière note de la seconde partie du morceau épique). En outre, le travail d’accompagnateur, initié par le claviériste, durant ce nouvel opus, est fantastique. La partie de piano, qui rappelle certaines comédies musicales américaines des années trente, est certes déjà entendue dans le morceau « Three days », mais ce passage est tellement jubilatoire !

Le chant

Les mélodies vocales des refrains sont beaucoup plus solides et restent facilement en tête, ainsi que celles de la fin de « Sleeping giant », la seconde mélodie vocale de cette coda étant bâtie sur certaines suites d’accords, identiques à celles du solo de guitare, situé avant la partie instrumentale.

L’accessibilité de certains morceaux

Des morceaux accessibles : « Answering the call », « Invisible monster » et « Transcending time », beaucoup plus cohérents et plus intéressants que ceux, proposés sur les albums « Dream Theater » et « Distance over time ».

L’épique

Le magnifique morceau épique de l’album, dont les différentes parties et les différents thèmes s’enchaînent à merveille… jusqu’à la dernière partie chantée.

Conclusion

Comme nous le savons depuis quelques temps, il faut faire le deuil du dream theater ancien, celui que nous avons connu jusqu’à l’album «Octavarium ». Toutefois, le Dream Theater d’aujourd’hui, qui sonne de façon plus moderne, mais sans renier la facette progressive de sa musique, prouve qu’il peut sortir un nouvel album d’un très bon cru, bien meilleur que le précédent, avec des compositions qui se tiennent toutes sur la durée.

Parmi les grands moments de cet album, citons « Sleeping giant », « Transcending time « , « A view from the top of the world » et « The alien ».

Mentions spéciales pour l’enregistrement et le mixage, réalisés par Jimmy T. Meslin et Andy Sneap, qui font honneur à chaque instrument ; la basse de John Myung n’ayant jamais sonné comme cela sur un disque du groupe. C’est le meilleur mixage depuis « A dramatic turn of events ». Dream Theater a trouvé l’homme de la situation, pour mixer ses futurs albums. Souhaitons que cette collaboration dure le plus longtemps possible.

Espérons qu’à l’avenir, même s’il ne se renouvelle plus, Dream Theater continue de distiller des albums de cette facture.

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