Retrouvez la vidéo en anglais en fin de cet article, avec en bonus, la dégustation du gâteau fait par Papymetal, notre papytissier!
La première question fut posée par Baptiste, le plus jeune fan présent, âgé de 7 ans:
Quand avez-vous commencé à jouer de la musique et est-ce que vos parents étaient d’accord?
JR: j’ai commencé à l’âge de 7 ans, en CE1. Je jouais du piano et un jour mon professeur a appelé ma mère et lui a dit : « votre enfant joue tellement bien du piano » et ma mère a répondu « qu’est-ce que vous racontez? Nous n’avons pas de piano à la maison » Et il lui a répondu « alors vous devriez en acheter un ».
MM: Quand j’avais 2 ans et demi, je prenais des boîtes de conserves des placards de ma mère et je les frappais avec des crayons et des stylos. Je m’inspirais des batteries que je voyais dans les pochettes de vinyles. Mes parents avaient des opinions divergentes : ma mère était une musicienne et m’a soutenu. L’enfance de mon père avait été marquée par la Grande Dépression et il travaillait dur et pensait que ce n’était pas un métier de faire de la musique. Par contre, ils étaient plutôt soulagés de me voir si occupé dans la cave, lorsque j’étais adolescent, car j’avais le profil d’un enfant turbulent. Il valait mieux que je sois dans la cave plutôt que dehors, à faire des bêtises.
En avez-vous fini avec la tournée The Astonishing ou voulez-vous faire d’autres dates?
JR: La tournée the Astonishing est finie. J’espère que vous avez pu y assister. On pensait vraiment que les concerts étaient géniaux.
Ce qui nous amène à une question évidente sur un DVD ou un Blu Ray?
JR: Actuellement, ce n’est pas dans nos projets. On est passé à autre chose avec cette nouvelle tournée. Mais qui sait, peut-être dans cinq ans ou lorsque ce sera possible. Mais actuellement, ce n’est pas dans nos projets.
Est-ce plus facile pour vous de jouer Images & Words ou l’intégralité de The Astonishing sur scène? Cette question s’adresse plus à toi, Jordan, qui a aussi joué Images & Words en entier, il y a dix ans.
JR: The Astonishing était un énorme projet. Cela a demandé beaucoup d’énergie : lorsque nous avons élaboré et écrit le concert, lorsque John a écrit l’histoire et composé la musique mais également pour la production des concerts. C’était énorme. Reprendre et réapprendre la musique d’Images & Words était certes un défi mais ce n’était rien comparé à The Astonishing.
Avez-vous eu besoin de beaucoup répéter pour cette tournée? Surtout toi Mike, qui avait beaucoup de nouveaux morceaux à apprendre? Etait-ce difficile ou était-ce la routine?
MM: C’était la routine mais la seule difficulté était de faire tout cela tout en m’occupant de ma famille pendant les fêtes de fin d’année. Je devais être auprès de mes enfants.
JR: Donc tu veux dire que c’était impossible pour toi d’apprendre A Change of Seasons tout en étant avec tes enfants (rires) ?
MM: Je devais faire les deux.
Quel est donc le plus difficile? S’occuper de ta famille ou apprendre Images & Words?
MM: Le plus difficile est de trouver un équilibre entre ce que je jouerais si j’étais le batteur d’origine et de rendre les gens heureux en restant fidèle au morceau d’origine. C’est un travail supplémentaire et c’est ce qui me prend le plus de temps. Je dois trouver un équilibre entre ces deux mondes. Jordan a dû s’y atteler pendant un temps. Ce n’est pas facile. Pour cela, il faut être ouvert, compréhensif et il faut prendre le temps. Il faut être patient car acquérir ces qualités prend du temps. Il faut le vouloir et prendre le temps. Mais cela fait partie du jeu et c’est ce qui rend les gens si courageux.
Avez-vous déjà des idées pour le prochain album? Voulez-vous revenir à un « Dream Theater » plus classique ou voulez-vous continuer à pousser vos limites et expérimenter un peu ou beaucoup?
JR: Je pense que nous sommes déjà tellement pris par la tournée. Cela nous demande beaucoup d’investissement. Nous n’avons donc pas eu vraiment le temps de nous pencher sur le prochain album. Mais lorsque nous nous y mettrons, nous aurons l’esprit ouvert et nous réfléchirons à ce qui a fait le Dream Theater que nous connaissons tous et les éléments qui sont le plus important pour le groupe. Nous reviendrons sûrement à ce type de musique.
Vous faites des impros sur cette tournée. Est-ce que ces impros vous aident à créer de nouvelles choses?
MM: Oui car cela fait partie de l’exercice d’improvisation. Une improvisation est le résultat de variables qui sont désordonnées. Il faut rassembler ces variables pour créer quelque chose de neuf. C’est un peu comme de la chimie et si on utilise les bons éléments, le résultat est satisfaisant. C’est difficile mais excitant.
Pourrait-on donc retrouver ces idées développées sur scène pour le prochain album ou sont-ce uniquement des impros pour s’éclater?
MM: Je vais y répondre car j’ai pu observer plusieurs choses depuis mon intégration dans le groupe. Nous pourrions créer de la musique juste là maintenant. On ne joue pas sur scène en se disant : tiens on devrait le refaire et le garder pour le prochain album. On adore créer chaque jour si bien que le jour où on se mettra à composer un album, on aura tous des idées mais si ça se trouve, on aura d’autres idées totalement différentes.
JR: Notre concert de ce soir, ainsi que ceux d’avant, est tellement différent de ce qu’on a pu faire avec The Astonishing, qui était vraiment cadré. C’était un peu comme assister à un show de Broadway, tout était millimétré. Sur cette tournée, il y a beaucoup d’espace pour improviser et faire des bœufs. Par exemple, à un moment, je prends mon keytar le Zen Riffer et je viens devant pour jouer avec John Petrucci. Chaque soir est différent. Si on prend le solo de Mike, c’est lui le chef. La salle entière est dans l’expectative chaque soir et se demande ce qu’il va faire. Il décide sur le moment. Certaines parties peuvent être les mêmes mais d’autres sont totalement improvisées. Il faut s’adapter et être connecté au public. Pour ma part, chaque soir, je fais une impro complète au piano avant Wait for Sleep. Chaque soir est différent. Et donc, certains éléments du concert vont être différents chaque soir mais ces éléments ne seront pas forcément inclus dans le nouvel album. On s’éclate juste à improviser et à faire des soli.
Si vous n’étiez pas des musiciens professionnels, que feriez-vous?
MM: Çà serait vraiment marrant d’être humoriste. Mais je n’ai pas les capacités pour. Donc je serais sûrement un ingénieur en mathématiques.
JR: Un spécialiste des fusées (jeu de mots avec rocket scientist qui veut dire aussi génie)
MM: c’était mon travail! J’ai déjà travaillé pour Raytheon (la plus grande entreprise américaine de défense militaire). Mais je n’étais pas très bon. Mais je dirais un truc avec de la physique.
JR: Moi je ne vais pas être original. La musique est toute ma vie, c’est mon passe temps, c’est mon travail. J’aime bien m’amuser avec des choses artistiques ou graphiques. Je m’éclate souvent à créer des images avec différents logiciels…
MM: Tu pourrais être le nouveau Dali
JR: Oui c’est ça!
Puisqu’on parle de logiciels, cela fait plus d’un an que tu as sorti GeoShred. Prépares-tu quelque chose avec Wizdom Music?
JR: Je travaille toujours sur un projet avec mon entreprise de créations d’applications. Je vais bientôt sortir une sorte de métronome. D’ailleurs Mike m’a aidé un peu sur ce projet et on attend avant de le sortir. Je me suis un peu égaré en travaillant sur GeoShred et le protocole MIDI. En effet, GeoShred est totalement compatible avec le MIDI et on a sorti cette app sur iPhone.
Avez-vous pour projet de sortir GeoShred sur Android?
JR: C’est assez difficile car on a beaucoup de problèmes avec la plateforme Android : des problèmes de latences sur plusieurs appareils. On est en contact avec Google, on se rencontre et on essaye tous de trouver un moyen pour que GeoShred sorte sur Android mais également sur Windows. Ça se fera, ce n’est qu’une question de temps.
Mike, toi qui a un bagage scientifique, lorsque tu joues et que tu improvises, utilises-tu plus ton instinct et ton cœur ou utilises-tu des variables?
MM: Je suis prêt à te répondre! C’est une bonne question mais j’ai la réponse. Vous connaissez tous la table périodique des éléments en chimie où tout est organisé. Et bien j’ai sorti un DVD intitulé The Grid (la grille). Il a d’ailleurs gagné pas mal de prix, il y a deux ans. C’est donc ce que je fais : j’ai une grille qui tient sur une page et qui montre tout ce qu’on peut faire avec un instrument. C’est juste une page et c’est ce que je visualise dans mon esprit lorsque j’improvise. Rien n’est laissé au hasard. Je visualise les différents éléments dans ma tête et donc je ne suis jamais à court d’idées. Mais parfois, je me pose simplement devant ma batterie ou alors je me laisse inspirer par le son des différents éléments constituant ma batterie et je me dis : « tiens, ça serait sympa de frapper ces quatre trucs là ». Mais la grille me permet de me rappeler que je peux toujours changer la signature rythmique, le son ou la dynamique. Je pense toujours à des catégories assez simples. Ça me permet d’improviser. Ce n’est donc pas du hasard. Ça ne tombe pas du ciel, ces variables sont sur cette page. Ça m’aide énormément et me rend confiant.
Un grand merci à Jordan Rudess et à Mike Mangini pour leur disponibilité. Merci aux fans présents et à ceux qui ont posé leurs questions sur internet. Merci à Olivier Garnier pour la mise en place de la salle. Merci à Kim-Arthur Sakariassen pour avoir permis la tenue de cette interview.
Gestion de l’interview, transcription et traduction: The Keyboard Wizard
Gestion de l’interview : Ad Watchmaker
Photos et vidéos : kikithehead