Nos collègues du fan club Vénézuélien ont eu la chance d’interviewer Mike Mangini et voici l’interview qui a fait beaucoup parler sur les réseaux sociaux.
Ca fait maintenant 5 ans que tu es dans le groupe
MM: J’adore Wikileaks (rires). Je rigole, continue.
Comment tu te sens ? Quelles sont tes expériences au sein du groupe ?
MM: Oula, je pourrais en parler des heures. Si je réfléchis bien, c’est un chapitre de ma vie. Tu sais, on change, on grandit et c’est ce que je continue de faire. Etre au sein d’un groupe fait partie de notre vie, à tous. On n’obtient pas de diplôme pour ça. Le diplôme, c’est lorsqu’on meurt, je suppose? On ne s’arrête jamais d’évoluer. Evoluer fait partie de ces expériences et je continue à apprendre plein de choses : changer ma façon de faire de la musique, faire beaucoup de sacrifices. Il n’y a pas qu’une personne dans ce groupe. Il faut grandir, évoluer, planifier, apprendre. Pour résumer mes expériences : je grandis.
Lorsque tu as passé ton audition pour le groupe, ils voulaient un batteur qui pourrait reprendre les parties de l’autre Mike mais également qui pourrait apporter quelque chose de nouveau. Et je pense que c’est ce que tu fais dans ce groupe.
MM: Merci!
Est-ce que tu joues les anciens morceaux de la même manière que Mike ou as-tu apporté ton propre style ?
MM: J’y ai mis ma patte de deux façons mais je ne veux pas changer la base des morceaux. S’ils n’étaient pas si bien, au départ, je n’aurais pas autant de plaisir à faire parti de ce groupe. Donc rendons à Mike Portnoy ce qui est à Mike. Je change certaines séquences qui, pour moi, sont celles qui ne constituent pas la base du morceau. Ce genre de séquences que le public va reprendre en faisant du air drum. Je ne veux pas froisser les gens donc je joue ce qu’ils veulent entendre. Mon style est vraiment subtile et c’est assez difficile de le détecter sauf si vous me voyez faire. J’utilise parfois la main droite au lieu de la gauche et d’autres notes lors que le groupe change de tonalité et donc j’ai une autre sensibilité et d’autres notes, c’est très léger. Si on devait mixer ma batterie en mono, on n’entendrait même pas ce que je fais. Il faudrait me voir pour comprendre. Ça reste personnel, ça me fait toujours plaisir d’entendre ces subtilités et c’est important pour moi car j’entends les différences de tonalités des charlestons lorsque la tonalité globale change. Ça reste subtil mais c’est mon style.
A part être le batteur, pour toi, quelle est ta plus grosse contribution dans le groupe ?
MM: L’humour!! Jusqu’à maintenant, je n’ai pas vraiment pris part à deux albums sur trois. A cause de John, car pour A Dramatic Turn of Events, ils ne m’ont pas consulté et pour the Astonishing, ils ne m’ont pas consulté non plus. Ma contribution reste sur Illumination Theory où j’ai dit que le postulat de départ serait cette question « pour quoi sommes-nous prêts à mourir » et pour certaines parties… et d’autres choses sur l’album Dream Theater. Mais vous savez, je n’y ai contribué qu’à environ 10%. Mais, le temps passant, ça va de mieux en mieux. Ma plus grosse contribution est d’être un joueur au sein d’une équipe. Quand on est un sportif, on doit faire gagner l’équipe ou alors tout le monde s’écroule. Donc je n’ai pas besoin de connaître d’où viennent les directives ou qui est à l’origine de quoi. Je m’en fiche de savoir qui va mettre la balle au fond du filet. Vraiment, je m’en fiche mais il faut que tout le monde marche dans le même sens. En fait quand je dis qu’on m’a un peu ignoré, ce n’est pas le bon terme, ils ne m’ont pas inclus. Je fais partie de l’équipe, je me donne à 110% et c’est une grosse contribution. C’est aussi important d’avoir de l’humour. C’est ce que je leur apporte. Je me suis adapté et je reste moi-même. C’est comme ça.
Ça te manque d’enseigner à Berklee ?
MM: Ça me manque d’enseigner. Point à la ligne. Car cela m’aide à grandir. Etre en dehors du système éducatif ne me manque pas car je joue plus de la batterie que lorsque j’enseignais mais mes collègues me manquent. J’aime bien ce travail car un jour, je ne pourrai plus voyager à cause de l’âge et en plus j’ai des enfants. Donc, je réponds oui à ta question et ça ne concerne pas le fait d’être dans un groupe et tout ce que j’ai pu faire avec ce groupe.
Donc ça a forcément impacté sur ta vie de famille ? De faire autant de concerts ?
MM: Ouais carrément.
Quelle différence il y a entre ton rôle de batteur au sein de groupes comme Extreme, Steve Vai, comparé à ce que tu fais avec Dream Theater actuellement ?
MM: Je ne peux parler que ce que j’ai déjà vécu : mon rôle a toujours été le même. J’ai participé à des groupes qui existaient déjà sans moi et j’ai fait de mon mieux pour être une pièce du puzzle. J’ai toujours été cela : un batteur de remplacement mais finalement on ne remplace pas vraiment quelqu’un, personne ne peut être remplacé, non? Donc j’ai pris part à des groupes déjà formés toute ma vie et peut-être plus souvent que la plupart des gens. C’est sûrement ma vocation donc je fais du mieux que je peux.
Je ne te définirai pas comme un batteur remplacement. Je pense que tu es un batteur, point barre.
MM: Merci
Avant de faire partie de Dream Theater, quel était ton morceau favori ?
MM: Le premier truc qui me vient à l’esprit, c’est As I Am.
Comment tu t’es senti lorsque vous avez été nommé pour la première fois aux Grammys, alors que tu venais juste de rejoindre Dream Theater et que vous veniez tout juste de sortir votre premier album ensemble ?
MM: nommé pour la première fois aux quoi ??
Aux Grammys
MM: (prend la pose et sourit) c’était très plaisant. C’est le genre de truc que je peux utiliser pour faire des blagues, comme gimmick. C’est un bon atout.
Comment se passe la tournée jusqu’à présent ?
MM: Cette tournée?
La tournée entière, pas uniquement ce leg. Vous avez joué aux Etats-Unis, en Amérique Latine.
MM: C’est différent tout simplement. C’est une autre expérience. Je me rappelle de ce que m’a dit Eddie Jobson, du groupe UK, lorsque j’ai fait une tournée avec lui…l’année dernière je crois? Il m’a demandé de porter plus de « tissu ». Je n’aime pas porter beaucoup de vêtements lorsque je joue de la batterie. Je suis un batteur, je transpire et les fringues me collent à la peau…j’ai juste envie de prendre une douche. Bref, Eddie me disait : « on est dans un théâtre, c’est un théâtre!! » et je me disais « ouais, d’accord… ». Je vais porter du noir, que du noir. Donc on ne joue que dans des théâtres sur cette tournée et il faut que je m’habitue à sortir de scène, me sécher, me réinstaller sur ma batterie, jouer un peu, repartir et revenir et rester dans les environs. C’est totalement différent. J’y trouve un certain plaisir, je me donne à 120% et j’essaye de faire un peu de blagues du genre disparaître de mon kit en prenant des poses à la Austin Powers. Ça me rend heureux, je reste concentré et je me donne à 120%. Ce qui fait que lorsque c’est à mon tour d’être le batteur (de baseball), c’est à mon tour et puis c’est tout. Même si je suis le sixième, le huitième, je dois taper dans la balle avec la batte. C’est comme ça que je le vois.
Est-ce que c’est un défi de jouer « The Astonishing » en entier, chaque soir ou quasiment chaque soir ?
MM: Chaque concert de Dream Theater est un défi, chaque soir. Je fais partie de ce genre de production où si je fais la moindre erreur, tout se casse la figure. Ça représente beaucoup de stress et de pression. C’était déjà le cas avec la dernière tournée et avec des morceaux qui étaient encore plus compliqués. La chose la plus compliquée pour « The Astonishing », c’est ce qu’on ne voit pas : les espaces dans la musique : quand tu es un batteur, tu te rends compte qu’un simple battement représente un certain espace et que si je joue quelques battements trop prêts les uns des autres, ça fout tout en l’air. En tant que musicien, et batteur, je dois faire un tri dans la musique mais en tant que batteur, comme je joue peu sur certains morceaux, c’est plus facile de faire des erreurs. Je sais que certaines personnes diront : « ouais mais tu as déjà joué des trucs plus difficiles » mais c’est plus facile de faire des erreurs car il peut y avoir des changements dans les signatures rythmiques et car je peux jouer une mélodie, ce qui est plus dur pour un batteur. Au niveau technique, c’est plus difficile.
Lorsque j’ai parlé avec Jordan et d’autres membres du groupe, ils ont dit qu’ils voulaient peut-être enregistrer « The Astonishing Live » en DVD/Blu-Ray. Tu as des infos là-dessus ?
MM: Rien du tout, je dois me focaliser sur ce soir : chaque chose en son temps.
C’est ça, on voit au jour le jour
MM: Exact, lorsque tu penses trop à l’avenir, ça peut te casser ta journée.
Est-ce qu’il y a un morceau que tu aimes jouer en live ?
MM: Non, mais je n’ai pas de favori en général : pas de batteur favori, pas de groupe favori. Ce que je fais, c’est que je prends les meilleurs éléments de chaque chose et ça me permet d’avoir du respect pour tout. Je respecte tellement de batteurs car je vois les capacités qu’ils ont et que je n’ai pas ou que d’autres batteurs n’ont pas. C’est la même chose avec les groupes donc je n’ai pas de favori.
Cette question est sûrement celle que je préfère de toute l’interview : vous avez sorti, il n’y a pas longtemps, une version de « Our New World » avec Lzzy Hale au chant. Comment ça s’est passé ? Comment avez-vous fait ? Tu pourrais nous en dire plus ?
MM: L’idée est venue de la compagnie de disque et c’était logique vu que les femmes ont une « voix » dans cette « comédie musicale », donc il fallait avoir une chanteuse. C’était une bonne idée, Lzzy était formidable, elle est connue, elle est belle, elle chante bien, voilà tout.
Quel genre de musique écoutes-tu ?
MM: J’écoute beaucoup de musique Latine énergique. L’un de mes batteurs préférés sur cette planète c’est Horacio Hernandez : il m’a appris beaucoup sur la musique Latine. Mes enfants aiment la musique dance, j’aime bien aussi. J’écoute aussi des trucs plus hard comme Rammstein, Disturbed. En fait, je ne sais plus trop, il y a tellement de noms à citer et de genres. Je n’aime pas trop les paroles qui vont contre ce que je pense. Mais ça ne m’empêche pas d’écouter ce genre de paroles. En fait j’essaye d’écouter un peu de tout. Je vais écouter un truc de speed metal pour voir ce que les jeunes batteurs font et que je ne fais pas. C’est une question difficile car j’écoute plein de choses pour différentes raisons.
Ta batterie a évolué depuis que tu as commencé ta collaboration avec Dream Theater. C’est quelque chose qui se fera encore dans le futur ? Tu continueras à faire évoluer ta batterie s’il le faut ?
MM: Je suis comme une bactérie qui essaye de survivre : lorsque tu étudies la façon de gérer les choses, tu te rends compte qu’un organisme meurt s’il ne s’adapte pas à son environnement. C’est la base pour se gérer soi-même, une entreprise… Si tu ne t’adaptes pas, tu meurs. Donc j’essaye de m’adapter, je fais évoluer mon kit en ajoutant des trucs que Mike Portnoy utilisait pour avoir son propre son mais je n’ai plus de place. Bien sûr on me dit souvent « Il te faut ce genre de matos pour jouer » ou « pourquoi est-ce que tu as besoin d’autant d’éléments » mais bon, je n’ai pas envie de me soucier de ça. J’évolue, je change, j’ai réduit mon kit de batterie pour le dernier album car il fallait que je frappe beaucoup d’éléments et ça me faisait mal aux omoplates mais d’un autre côté, j’aime bien utiliser plein de sons différents. Donc bon, je frappe sur des trucs, c’est mon métier et j’aime ça. J’aime toutes sortes de sons : les gros booms, les sons plus marrants. J’ai ramené des pads électroniques la dernière fois, des voix samplées, des trucs qu’ils utilisent dans le rap pour les faire écouter au groupe. En plein soundcheck, je les ai utilisés. C’était marrant et puis voilà, je m’adapte. J’ai même joué sur un kit composé de 4 éléments que j’ai utilisé pour répéter sur The Astonishing. Je n’ai même pas appris ces morceaux, je me suis juste pointé au studio et j’en ai enregistré 18 en 5 jours sans les répéter. Je n’avais pas appris un seul morceau avant les concerts et donc je ne savais pas du tout comment les interpréter et c’est pour ça qu’il a fallu qu’on m’aide là-dessus.
Qu’est ce que tu fais lorsque tu ne joues pas de la batterie, quelles sont tes passions ?
MM: Je recommence à lire vu que j’ai des lunettes dignes de ce nom. J’ai arrêté de lire pendant un certain temps car j’ai lu des trucs vraiment costauds pendant 8 ou 9 ans : de la philo, des trucs sur les religions pour essayer de comprendre les gens et de ne pas me fâcher avec eux. Du genre « qu’est ce que tu penses ? « d’où viens-tu ? » Tu arrives à un moment dans ta vie où tu te dis « mon dieu, on vit sur un gros caillou, dans un système solaire qui se déplace à 500 000 miles par heure ». Je ne m’étais pas rendu compte que j’avais besoin de lunettes, j’ai arrêté de lire car mon cerveau avait besoin de faire une pause. Mais depuis que je les ai, ça fonctionne bien, je lis un peu plus, pas beaucoup non plus. J’essaye de faire un peu de sport, car je me fais vieux mais bon, j’ai une famille. Je compose de la musique et je fais tout du début jusqu’à la fin : chaque instrument, l’enregistrement, la production…
On parle bien d’un album solo de Mike Mangini, là, non ?
MM: exactement : j’apprends, je le fais pour être plus mature. Comment pourrais-je apporter quelque chose de nouveau à un groupe comme Dream Theater ? Ce que je fais sur cet album solo n’est pas de leur niveau, c’est ma propre came, pas la leur etc… Mais je le fais surtout pour apprendre des choses.
Très intéressant. Certaines Vénézuéliens m’ont dit que tu étais déjà venu au Venezuela avec le G3 lorsque tu jouais avec John Petrucci.
MM: J’ai fait aussi un drum clinic là bas.
C’est vrai. Tu as de bons souvenirs ici ?
MM: Ce que j’aime ici c’est la nourriture. Tu sais, ça rend heureux les gens, ça me rend heureux et ça transcende tout. C’est quelque chose que les gens partagent. C’est génial de faire de la musique, c’est génial de manger et d’apprécier la nourriture d’autres cultures.
Merci à dreamtheater.ve pour leur interview
Traduction à l’arrache faite par : Ad Minym alias The Keyboard Wizard