C’est encore une fois grâce à l’extrême gentillesse et à la diligence de Scott Schorr, producteur de l’album que j’ai pu poser une oreille attentive sur cet album qui sortira dans quelques jours. Bien sûr cet article n’engage que moi et a été écrit après seulement une écoute. Etant plus spécialiste de Rudess que de Levin ou de Minnemann, mon analyse se portera plus sur le jeu de Rudess (qui est sacrément mis en avant). Avant de procéder au piste par piste, je voudrais déjà indiquer que ceux qui aiment surtout le Rudess Morgenstein Project, les projets solo de Rudess et Liquid Tension Experiment (attention on est pas dans du LTE pur) peuvent l’acheter les yeux (ou oreilles) fermés sur http://www.lazybones.com/buy-stuff ou sur Pledge Music : http://www.pledgemusic.com/projects/lmr
- Back to the Machine : Le CD s’ouvre sur un morceau basé autour du même riff et donc il est assez efficace car il rentre facilement dans la tête. Directement, on sent que Rudess veut s’émanciper de DT et a envie de combler le vide laissé par l’absence d’un guitariste tel que John Petrucci. On retrouve le jeu naturel et en finesse de Minnemann et on regrettera qu’à première vue, Tony ne soit pas plus mis en avant. Rudess a ressorti son lead de Train of Thought. D’ailleurs il n’utilisera que très peu son lead appelé Zendrix (le lead qu’il utilise avec son clavier portable le Zen Riffer) ce qui fait du bien aux oreilles. Autre point positif, ce morceau introduit un son d’orgue très 70s mais différent de l’orgue Hammond utilisé pour The Astonishing. Il l’utilisera pour un solo qui fait penser à celui de Blind Faith.
- Ready Set Sue : Morceau assez enjoué qui rappelle énormément Insectsamongus de l’album Rhythm of Time de Jordan Rudess dans son utilisation bien barrée de sons assez bizarre. Tony est déjà plus présent mais ce qui domine, est l’application GeoShred (application iPad crée par Jordan). Il y a un magnifique solo de lead à Liquid Tension Experiment puis une partie rythmée à la Acid Rain.
- Riff Splat : le titre est bien choisi car le riff nous tombe un peu sur la tête comme un œuf (oui on a les comparaisons qu’on mérite). Tony prend les rênes avec un riff principal en le faisant varier à l’infini (un riff de quelques notes mais difficile à reproduire tellement il varie) et Rudess l’accompagne. Rudess utilise le piano de façon inhabituelle en le faisant se perdre dans des effets étranges : on sent que Rudess a beaucoup plus expérimenté que d’habitude. Le morceau est très expérimental, on est à la limite de l’impro guidée.
- What is the Meaning : oui le titre est bien choisi : quel est le sens des sons utilisés : encore une fois Rudess se libère, expérimente dans des sphère beaucoup plus électroniques (attention ce n’est pas du David Guetta rassurez vous). Encore une fois, le morceau sonne très Rudess Morgenstein Project ou Insectsamongus. On sent l’influence de GeoShred et du sampling rarement entendus chez Rudess. Le morceau nous introduit un solo de Rudess très sympa qui ne verse pas dans la surenchère à coup d’arpèges dégoulinantes.
- Marseille : Marseille, on t’…écoute! Intro au piano reminiscente de Goodnight Kiss. On est encore une fois loin des leads et des sons mal maîtrisés, la recherche sonore est bien bien présente. On peut noter quelques influences classiques. Encore une fois dommage que Tony n’apparaisse pas plus car ses parties sont vraiment magnifiques si on fait l’effort de l’écouter (c’est peut-être le moment de préciser que j’ai écouté l’album sur SoundCloud à partir d’un ordinateur sans casque, donc forcément, au casque en qualité CD, il y aura beaucoup plus de choses à dire).
- Good Day Hearsay : Morceau avec un riff heavy donc on ressort le son Zendrix. Heureusement pour nous, trois secondes après on est dans du Rudess Morgenstein Project puis ensuite un lead très moogesque apparaît. C’est un morceau qui va à mille à l’heure avec encore une fois un côté Insectsamongus. On sent vraiment que l’avènement des contrôleurs à surface tactile (iPad, Seaboard) ont énormément influencé le jeu de Jordan Rudess : il en exploite toutes les possibilités pour des effets jamais entendus. La fin fait penser à Screaming Head de l’album Rhythm of Time de Jordan Rudess.
- Witness : Morceau basé sur des sifflements. Oui, des sifflements, une sorte de Hey Ho Hey Ho à la sauce prog. On s’attend à voir arriver Jon Anderson sur un passage qui fait penser à du Yes.
- Balloon : Morceau qui ouvre la partie un peu plus calme de l’album. Une ballade assez 70s, par grand chose à dire de plus. Le riff de début fait penser à l’intro de A Saviour in the Square de Dream Theater et la partie de flute/mellotron me fait penser à l’OST de Golden Sun.
- When the Gavel Falls : Alors entre the Astonishing et cet album, Rudess nous gâte niveau piano. Encore une fois, on est proche de RMP avec un piano mélodique complété par des pads. Minnemann prend ensuite dessus avec quasiment un solo appuyé par un gross riff de Rudess. Un grand huit et un voyage mélodique en quelque sorte. Le morceau se finit avec un lead en fade out pour laisser Minnemann seul aux commandes.
- The Verdict : Le riff ressemble à celui de Kashmir avec des sons très Emersoniens. On a un gros travail sur les samples de voix, un peu comme sur Zoolook de Jean Michel Jarre. Rudess a énormément bossé sur les chœurs et les voix dans tout l’album et ça se ressent énormément ici. Le morceau est epic et la fin est déroutante avec beaucoup d’effets et de travail sur le son. Minnemann est magistral dans la douceur et la subtilité.
- Free Radicals : Le début fait penser à Pictures at an Exhibition mais à la guitare. Un morceau avec des influences classiques comme une fugue. Il est assez court car il sert d’intro.
- Magistrate : Morceau qui va crescendo avec une guitare qui fait penser à du Steve Hackett et un gros shred de Rudess (ils sont rares sur cet album)
- Shiloh’s Cat : Encore un gros travail sur le son du piano. Le morceau est plus lent et comporte une grosse partie de saxophone sans doute joué au Seaboard. Il fait penser à It’s a Mystery de Jordan Rudess avec une fin à la Owner of a Lonely Heart de Yes.
- The Tort : Il démarre avec un riff étrange. Tony est extrêmement présent et apporte du groove à ce morceau assez sombre (on est pas loin de Porcupine Tree). On a l’impression que c’est un gros jam, un peu comme Chewbacca de Liquid Tension Experiment. C’est une sorte d’instru un peu aléatoire pour terminer le CD.
Bref vous l’aurez compris à la lecture de ce piste par piste, c’est un CD pour les fans de Rudess et qui surprendra ceux qui pensent qu’il n’est bon qu’à faire des gros soli inaudibles. Le CD est assez varié avec une bonne dose de folie. J’avais été déçu des side projects ou projets solo de Rudess après l’excellent Rhythm of Time mais là on peut dire qu’avec LMR, il retrouve un terrain de jeu qui me plait bien. Finies les fioritures, les sons mal maîtrisés. Rudess retrouve ses premières amours : l’expérimentation avec les différentes synthèses sonores. Est-ce que l’album passera l’épreuve du temps, je ne suis pas sûr car il fait beaucoup penser à des albums qui sont devenu des classiques pour ma part : le Rudess Morgenstein Project et Rhythm of Time.
Un grand merci à Scott Schorr.
Chronique réalisée par « The Keyboard Wizard ».