Voici l’enregistrement officiel du Distance Over Time Tour, intitulé « Distant Memories », enregistré et filmé les 21 et 22 février 2020, à l’Eventime Apollo de Londres.

Points faibles :
A. Des différences de contenu et des anomalies sonores apparaissent entre les différents supports :
– Sur le premier CD, la guitare est très en avant dans le mix, au détriment du clavier et du chant, ce dernier étant mangé et noyé sous une réverb prononcée, et cela semble s’équilibrer sur les deux autres CD.
– Sur la partie vidéo, le mixage est beaucoup plus homogène entre les instrument et le chant.
– Pourquoi ne pas avoir mis « Atlas » sur le premier CD audio? On me répondra sans doute que ce moment correspond à l’arrivée du groupe sur scène, et que cela est fait avant tout pour être vu. Certes, mais ce splendide morceau fait partie intégrante du concert ; il met l’auditeur dans une ambiance particulière et ce dernier, s’il choisit d’écouter la partie audio, a tout autant le droit de frissonner, en écoutant cette somptueuse introduction, avec la clameur du public, qui accompagne l’arrivée du groupe.
B. Le chant de James LaBrie.
– La prestation vocale du chanteur est pénible à écouter, car les intentions qu’il met dans ses lignes de chant donnent à ce dernier un caractère beaucoup trop maniéré (excepté à de trop rares moments, comme dans « Through her eyes »). Pourquoi éprouve-t-il le besoin de surjouer l’interprétation des morceaux?
– A la fin d’un vers, il change parfois la dernière note de la mélodie, note qui monte quelquefois très haut, et cela annihile la beauté du passage mélodique en question. Exemple : dans « Strange déja-vu », dans la phrase «I’d break through to the other side If only I’d find the way », écoutez attentivement la note chantée, sur le mot « way », beaucoup trop forte, et qui gâche totalement le reste de la phrase.
– La dernière note d’un vers peut être aussi chantée avec une note grave, ce qui, là aussi, détruit la beauté mélodique de ce vers. Exemple : dans le refrain de « Beyond this life » : « Our deeds have traveled far ».
– Le chant est parfois fluide, mais pas de manière continue. Exemple : dans « Strange déja-vu », des paroles allant de « Tonight I’ve been searching for it », jusqu’à « The one that nobody knows ». Dans la version de « Scenes from New-York », les notes sont liées, ce qui rend la mélodie vocale fluide, alors que dans cette dernière interprétation, les notes sont saccadées, ce qui altère considérablement la beauté de cette mélodie vocale. Même constat, dans « Fatal tragedy », dans la phrase « When I sleep at night I hear the cries, What does this means »?
– Dans un autre passage de « Strange deja vu », la voix donne l’impression de ne pas sonner de façon naturelle, des paroles « Back on my feet again », jusqu’à « If only I’d find the way ».
– Dans certains passages, où ce changement de note intervient, le chanteur appuie cela, en faisant sonner son vibrato de manière exagérée. Exemple : dans « Pale blue dot », dans les paroles « God creators Dream destroyers », alors que dans la version studio, la note est chantée moins forte et sans vibrato, ce qui la rend plus fluide, avec un son égal dans la totalité de ce vers.
– Dans certains passages, le chanteur ne tient plus ses notes en fin de phrase. Exemple : premier et troisième couplets de « Barstool warrior ».
– Enfin, il faut se rendre à l’évidence : James LaBrie a du mal à atteindre certaines notes aiguës, qui sont parfois hurlées, et cela est insupportable. Exemple : dans « Finally free », dans la phrase « They came a shot out of the night », le mot « shot » est hurlé, ce qui, là encore, anéantit la beauté mélodique de ce passage.
Certes, dans des morceaux comme « A nightmare to remember » ou « Paralyzed », les lignes de chant sont particulièrement ennuyeuses. Cependant, sur l’ensemble de cet enregistrement, James LaBrie semble désabusé, et donne l’impression de s’ennuyer, le point culminant de cet ennui étant atteint dans « Paralyzed », avec la plus mauvaise interprétation vocale de cet enregistrement.
Il m’en coûte d’être aussi dur avec ce chanteur, dont j’admire tant les qualités vocales.
– Pourquoi cet effet insupportable de saturation sur la voix, dans le pré-refrain de « A nightmaree to remember », dans « Beyond this life » (ce qui gâche l’écoute de ce splendide morceau), et dans le deuxième couplet de « At wit’s end » ?
C. La prestation des autres membres du groupe.
– Le jeu des quatre autres protagonistes, d’un point de vue technique, est tellement métronomique, qu’il est devenu sans âme et ne raconte rien à l’auditeur. Cela est particulièrement criant pour Mike Mangini, qui, certes, est plus virtuose, techniquement, que Mike Portnoy, mais son jeu n’a aucune vie et est beaucoup trop robotique. De ce fait, l’interprétation de « Scenes from a memory » est pénible à écouter. Le jeu de Mike Portnoy, empli de respirations, manque tellement ! La magie de la première interprétation officielle de cette œuvre en concert n’est plus là.
– Pourquoi l’introduction de « Untethered angel » est-elle réduite de moitié? Qu’est-ce qui empêche le groupe de jouer la première partie de cette introduction en direct?
– Les morceaux, proposés dans la première partie du concert, sont si pauvres en nuances et en respirations (exceptés le passage central de « A nightmare to remember » : « Lying on the table In this unfamiliar place », le début du pont instrumental de « Fall into the light » et le premier couplet de « Barstool warrior », ainsi que la première partie du pont instrumental de ce morceau.
– Il est regrettable que, lors de la première partie du pont instrumental de « Fall into the light », le son de guitare ne soit pas acoustique, comme dans la version studio.
– Durant son solo, au cours de ce morceau, le son d’orgue Hammond, utilisé par Jordan Rudess, est encore plus difficile à écouter que dans la version studio.
– Au début de « Pale blue dot », contrairement aux autres concerts, nous ne pouvons pas écouter les paroles de Carl Sagan, peut-être pour une question de droits, que le groupe n’a pas réussi à obtenir.
– Dans « Scenes from a memory », certains sons de clavier Korg sont beaucoup moins réalistes que ceux, utilisés chez Kurtzweil. Exemple : le son de cithare, dans le morceau « Home », ou le dernier son lead, dans « Overture 1928 », beaucoup moins brillant que celui, utilisé dans « Live scenes from New-York ».
– Le son du Zen Riffer, utilisé dans certains soli, est trop grandiloquent et est en décalage avec la musique de cette oeuvre.
– Dans les passages lents, où la voix est en avant, pourquoi n’a-t-on pas supprimé les « pop »?
– Dans le premier couplet de « Beyond this life », pourquoi avoir mis autant de réverb, sur l’un des toms aigus de Mike Mangini ?
– Contrairement à « Live scenes from New-York », le groupe ne prend plus le temps de respirer. Exemple : à la fin de « Regression », après le mot « friend », le son de clavier arrive immédiatement, alors que dans le premier enregistrement officiel en concert, le groupe prenait quelques secondes, avant la déferlante, annoncée par le son de clavier, évoqué ci-avant. Autre exemple : le motif de piano, joué au début de « Through my words », est beaucoup moins répété que dans la version de « Live scenes from New-York ». Enfin, les membres du groupe ne prennent plus le temps de ralentir, excepté à de trop rares moments. Exemple : le rythme des notes répétées, au milieu et à la fin de « The dance of eternity ».
– A la fin de certains morceaux : « Home » ou « Finally free », John Petrucci fait entendre des notes stridentes, qui sont douloureuses pour les oreilles, et qui n’apportent rien à la musique.
– Les chœurs, chantés en playback par le guitariste, sont d’une grande tristesse.
– Enfin, tout au long de cet enregistrement, lorsque Mike Mangini exécute un break, très souvent, ce dernier n’est pas appuyé par une cymbale crash, sur le premier temps de la mesure suivante. Cela était déjà le cas, dans l’enregistrement intitulé « Live at Luna Park ». Peut-être ces cymbales sont-elles inaudibles, car très en arrière dans le mix?
D. Le public présent semble apathique.
E. Les suppléments du DVD.
Sur le plan sonore, la séquence « Behind the scenes » offre le morceau « Out of reach », avec un montage d’images. Quelle déception! Il aurait été préférable que le groupe présente un documentaire, même de courte durée, où chacun des membres aurait expliqué son ressenti sur ces concerts londoniens et sur cette tournée.
Points positifs :
A. Malgré le déséquilibre évoqué ci-dessus, le son est bon, en particulier pour la batterie et la basse, en avant dans le mix audio.
B. Bien qu’elle soit refaite en studio, la prestation de James LaBrie reste honorable, s’il on s’en tient uniquement à la justesse des notes.
C. Du point de vue technique, la prestation des autres membres est irréprochable.
D. Quel plaisir d’écouter le public chanter le riff de guitare, sur la dernière partie du pont instrumental de « Fall into the light » !
E. Dans l’interprétation de « Scenes from a memory », il faut souligner les brillants soli de « Fatal tragedy », avec un break de batterie fabuleux, avant la dernière partie de ce morceau, ainsi que les magnifiques interprétations de « The spirit carries on » et de « Finally free », avec un fantastique solo de batterie et une magnifique coda, à la fin de ce morceau.
Conclusion
« Distant memories » est l’enregistrement en public le moins enthousiasmant de Dream Theater, et qui laisse à l’auditeur une impression mitigée, pour les raisons évoquées ci-avant, dans la première partie de cet article. Ayant écouté le concert en direct, en le vivant à fond, je n’avais pas du tout perçu l’aspect trop automatique de la prestation, alors que ce travers prend beaucoup trop le pas dans l’enregistrement proposé. C’est sans doute ce qui fait l’indéniable différence entre une prestation vécue et un enregistrement figé.
Depuis plusieurs tournées, Dream Theater offre des prestations trop millimétrées, où improvisations et autres folies inattendues ne sont plus présentes lors de ces concerts. Cet état de fait se ressentait déjà dans les deux précédents enregistrements en public du groupe, mais atteint ici son paroxysme. C’est à se demander si le groupe (chanteur compris), fait aujourd’hui son travail par nécessité, bien plus que par envie et par passion. De ce fait, la flamme, entretenue dans la musique de Dream Theater, commence ici à s’éteindre.
Sébastien (Wizard) BRAUD.
PS: « Remerciements particuliers à Kikithehead, pour m’avoir décrit le visuel de la séquence « Behind the scenes », ainsi qu’aux concepteurs et au contributeurs de la Dreamologie, sans qui je n’aurais pas pu citer les divers extraits de chansons, présents dans cet article).
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